Ce deuxième récit sera celui de la naissance d'O* au travers de mon regard de doula. Une naissance toute particulière, car sa maman et moi nous sommes connues, comme nous aimons à le raconter, lorsque nous étions dans le ventre de nos mamans (au fameux cours d'accouchement sans douleur).
Pour ce troisième accouchement, V* désire faire une partie du travail et donner naissance dans la baignoire. Elle souhaite que la physiologie soit respectée avec notamment la liberté de mouvement, pas d'accélération du travail, la poussée réflexe et fait la demande, au travers du projet de naissance, de pouvoir attraper elle-même son bébé et de couper le cordon elle-même également une fois qu'il aura cessé de battre. Le premier jour de l'An, dans la soirée, je reçois un message de V* qui me dit qu'elle se sent un peu bizarre, avec des tiraillements dans les aines, mais qu'elle pense que ce n'est pas pour cette nuit. Le lendemain, à 7h10, V* m'appelle, car elle a perdu un peu de liquide à 4h du matin et elle a des contractions toutes les 5-6 minutes. Je la retrouve à 8h15 à la Maternité, où l'admission et les contrôles (monitoring, toucher vaginal, pose de la voie veineuse) commencent. Un moment inconfortable pour la maman, dont le dossier n'est pas trouvé, amenant de nombreuses questions, alors que la femme qui accouche ne devrait pas être stimulée intellectuellement. V* m'exprime le besoin de retrouver sa bulle et je le relaie auprès de la sage-femme. Nous passons ainsi en salle d'accouchement. La baignoire est remplie et la maman y entre avec plaisir à 10h05. Dans un premier temps, elle se tient debout, en suspension à une barre fixée au-dessus de la baignoire. Puis elle s'assied sur ses talons, genoux ouverts et lorsqu'une vague arrive, elle repousse avec ses bras le bord de la baignoire. Rapidement, l'intensité augmente et ce que j'identifierai par la suite comme la phase de désespérance survient. Je sonne pour appeler la sage-femme, il est 10h45. Peu après son arrivée, V* crie "ça pousse !" et la sage-femme me demande de sonner sa collègue, pendant qu'elle prépare linges etc. La contraction suivante est d'une très grande intensité, la maman a le réflexe de se soulever et donne naissance, comme souhaité, dans l'eau, à 4 pattes. La sage-femme accueille O* qui est né coiffé (sa tête recouverte par une partie de la poche de liquide amniotique) et le maintient doucement sous l'eau, le temps que sa maman puisse elle-même l'attraper et l'amener sur sa poitrine. Il est 10h50. Après que le cordon ait été coupé par V*, on m'installe avec O* en peau à peau, le temps que sa maman sorte de l'eau et s'installe sur le lit. A ce moment-là, cette dernière fait un malaise. Des renforts arrivent et le médecin s'inquiète des saignements. En tant que doula, je vis difficilement ce moment, car j'entends la souffrance de mon amie et ne reçois aucune information. Je perçois également les désaccords entre le personnel soignant et des paroles dures adressées à la maman par le médecin. Rapidement cependant, je me recentre sur mon rôle, souhaité par la maman en cas de complications. Je me rends entièrement présente à bébé O*, toujours en peau à peau. Je lui parle doucement et lui explique que sa maman a besoin de soins, mais qu'il la rejoindra tout bientôt. Plus tard, V* me confiera que la bulle qu'elle ressentait autour d'O* et moi lui apportait du calme et qu'elle était en confiance vis à vis de son bébé. Une heure plus tard, maman et bébé seront réunis pour une première tétée, le début d'un allaitement long. Ce jour-là, une famille s'est agrandie et j'ai été témoin de la force et du courage des femmes. Merci V* et O* pour ce précieux cadeaux. Nathalie, doula Janvier 2023
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BlogParce que chaque naissance est unique et inspirante, j'ai souhaité vous partager, au travers de ces récits, les expériences de parents aux côtés desquels j'ai eu la chance d'évoluer. ArchivesCatégories |