La date du terme est au 30 décembre et j'imagine passer Nouvel An à la maternité. Je rigole avec une amie, qui me dit qu’elle viendra me trouver avec du champagne. A aucun moment, je pense que bébé pourrait arriver à Noël… Et c’est pourtant ce qu’il décide !
Le 24 au soir, nous fêtons avec une partie de la famille. Au cours de la soirée, je me sens un peu fatiguée et "absente". De retour à la maison, le papa part se coucher et je tarde à faire de même. Je prends le temps de ranger une ou deux choses et de regarder mes cadeaux. Je le rejoins vers 1h du matin. Deux heures plus tard, ce que je crois être un coup de pied de bébé me réveille. Je me rendors rapidement, mais quelques minutes après, la même sensation revient et je remarque que j’ai perdu du liquide. Je me lève, pensant que j’ai dû perdre les eaux et je le vérifie à l'aide d'une serviette hygiénique. Les contractions se mettent en route tout de suite, d’une intensité tout à fait gérable, mais régulières. Je ne réveille pas le papa. J’appelle la maternité et la sage-femme me dit que je peux prendre une douche, me préparer gentiment, puis prendre la route. Nous sommes à une cinquantaine de kilomètres du lieu de naissance choisi. Comme c'est le jour de Noël, je prépare ce que j'avais cuisiné et devais apporter pour le repas. Je mets les dernières affaires dans mon sac et je prends une douche, alors que le papa dort encore. Je me dis que c’est bien qu’il se repose pour la suite. Vers 5h du matin, j’appelle mes parents et c’est mon papa qui me répond. Je lui annonce que j’ai perdu les eaux et que nous allons partir pour la maternité. Comme nous avons un chien, il sait ainsi qu’il devra venir le chercher, ainsi que ce que j’ai préparé pour Noël. Par la suite, il me dira comme il a été impressionné de m’entendre lui dire sur un ton si léger et confiant que j’étais en travail. Il est vrai que tout m’est apparu fluide et naturel depuis que je me suis levée. Je réveille finalement le papa, qui se prépare rapidement, et nous partons vers 5h30. Le trajet jusqu’à la maternité est un beau souvenir : circuler un 25 décembre au petit matin, dans la nuit froide, avec une vue magnifique sur le lac... Lorsqu’une contraction arrive, je me penche en avant, en appui sur le tableau de bord. Puis dès qu’elle est passée, je me recule. J’admire toutes ces lumières, nous parlons peu. Arrivés à la maternité, nous sommes accueillis par une sage-femme qui porte une jupe courte rouge et un bonnet de Noël, elle me fait penser à un lutin. Je ne passe par contre pas un très bon moment avec elle, car elle veut me faire un monitoring (20 minutes couchée sur le dos) et je bouge trop selon elle. En effet, je n’arrive pas à rester immobile lorsqu’une contraction arrive et elles sont à présent plus rapprochées. Elle me fait finalement un toucher et semble surprise lorsqu’elle me dit que je suis dilatée à 6 cm. A partir de ce moment, le temps devient flou. Nous montons en chambre, où je me change, car mon jean est mouillé et c’est très inconfortable (quelle mauvaise idée d'enfiler un jean le jour de son accouchement !). Plusieurs fois, lors des vagues, je m'accroche au bout du lit, fesses en arrière, dos étiré et ventre dans le vide. Cela me fait du bien. Je suis dans un état second, très peu réceptive à ce qui m’entoure. On me propose des bricelets, que j’essaye de manger, mais je n’ai pas d’appétit. Vers 8 heures, nous passons en salle d’accouchement. Avec le recul, c’est bizarre de ne plus avoir conscience du temps qui s'est écoulé. Les contractions deviennent très intenses et me font presque perdre pieds. J’avais souhaité accoucher dans une position utilisant la verticalité, mais je suis incapable de tenir sur mes jambes. Je ne suis bien que sur le dos. La sage-femme me propose de me mettre à quatre pattes, mais je cherche désespérément une prise, une corde ou quelque chose auquel m’accrocher et je ne fais que démonter le lit. Je repasse sur le dos et il me semble commencer à pousser peu après. Depuis mon arrivée en salle d’accouchement, c’est une autre sage-femme qui m’accompagne et sa présence sera d'un grand soutien. La position sur le dos est aménagée selon la méthode de Gasquet : tête relevée et haut du corps dégagé. Une poche de liquide est placée sous mon sacrum (pour la mobilité). J’ai le sentiment de pousser pendant des heures. L’envie de pousser est présente une contraction sur deux et c’est comme si bébé remonte entre deux. J’entends la sage-femme dire au papa que notre bébé ne va pas tarder à arriver et finalement, il naîtra à 11h30. Dès qu’une vague est passée, je me tourne sur le côté et je m’endors ou tout du moi je pars. Je sens la vague suivante arriver, mais je prolonge ce moment qui est tellement agréable. Puis, je fais un signe de la main à la sage-femme, qui m’aide à me retourner et à positionner mes jambes sur ses épaules. Avec mes mains, je pousse de toutes mes forces contre mes jambes et je repousse ma tête dans l’oreiller. Les sensations sont tellement fortes, tellement puissantes que je dis que je vais mourir. Quelque temps avant, le médecin était passé et m’avait tendu la main pour me saluer. Ce geste m’est vraiment resté comme parfaitement incongru. Le médecin avait regardé le monitoring, semblant dire à la sage-femme que c'était un peu long. Cette dernière lui avait répondu « Madame gère » et il était rapidement reparti. Jusqu’à ce point du récit, je n’ai pas fait de bruits ou de cris. Une croyance que j’avais était qu’il fallait accoucher « en silence », car ma maman m’avait toujours raconté que ma grand-maman et elle-même avaient donné naissance ainsi. Tout à la fin, la sage-femme, qui a peut-être remarqué que je me retiens, me dit « Vous avez le droit de crier ». Et c'est à ce moment-là, en un cri et une puissante poussée, que mon bébé naît. Cette sensation de glissement hors du corps est un tel soulagement, après des heures passées avec l'impression d’être entièrement dilatée. Mes premiers mots sont « Il est où, il est où ? » et enfin il est déposé sur mon cœur. Lorsque le papa revient des soins et de la pesée, il me demande à combien j’estime le poids de bébé T*. Le gynécologue m’avait prédit un petit bébé (3kg environ), mais j’avais toujours eu la sensation qu’il ferait 3kg500, ce que je réponds . Quelle fierté d’apprendre qu’il pesait 3kg680 (pour 51 cm). Je n’ai que des éraillures pour lesquelles ont me fait quelques points de suture. Notes : En demandant le rapport de la maternité, j'ai pu voir que j'avais en effet été à dilation complète durant 2 heures. J'ai aussi appris que lors d'un premier accouchement, il peut arriver que bébé fasse le "yo-yo" c'est à dire descende lors d'une contraction, puis remonte un peu. Cela permettrait d'étirer les tissus progressivement. Nathalie, maman de T*
1 Commentaire
Vale
14/1/2025 10:02:56
Quelle émotion de découvrir ces détails de la naissance de T*
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BlogParce que chaque naissance est unique et inspirante, j'ai souhaité vous partager, au travers de ces récits, les expériences de parents aux côtés desquels j'ai eu la chance d'évoluer. Archives
Décembre 2024
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